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JEUDI 17 Juillet
Chère
cousine Eugénie,
Je
t’envoie un petit bonjour au retour de mes vacances dans le Valais Suisse.
Ce furent des vacances plutôt sportives. Heureusement qu’aujourd’hui ce
fut le dernier jour, sinon je crois que j’aurais été obligé de faire appel
à une masseuse (non ! pas thaïlandaise) pour remettre d’aplomb les muscles endoloris de mes jambes.
C’est à croire que nos G.O. (Gentils Organisateurs en langage Club Méd.)
avaient pour objectif de nous préparer pour les J.O. de Pékin.
Je t’explique le programme de ce matin : « petite balade" de 11 km depuis
SIVIEZ (station de ski situé au fin fond du Val de Nendaz) jusqu’au
Barrage de CLEUSON. Pour nous rassurer, ROBY, notre Chef de Course, nous a
affirmé, de son sourire enjôleur, que c’était une marche à la portée de
tout le monde. Donc, également de bibi le handicapé. Dénivelé indiqué sur
le programme : +112 m, C’est vrai que cela ne paraît pas trop terrible. Sauf
qu’en vérifiant sur le panneau placé près d’un remonte-pente, j’ai eu
comme un chaud et froid dans le dos. En effet, démarrant à l’altitude de
1733 m. et le barrage se trouvant à 2187 m, un rapide calcul me fit
comprendre qu’il y a eu erreur de frappe : au lieu de + 112 il fallait
lire + 454 m.
Je n’ai pas eu le temps de m’attarder davantage sur ce saut de machine à
écrire. Déjà la troupe s’est élancée. En avant donc également pour moi.
Sur un large chemin herbeux, nous longeons un torrent (la rivière Printze) au bord duquel
caquettent des canards et bêlent de jeunes agneaux sous l’œil mauvais d’un
gros bélier. Un peu plus en amont, un vaste troupeau de vaches à la robe
sombre paissent tranquillement au son des clarines accrochées à leur coup.
Notre ami, Henri, spécialiste particulièrement averti de la vache dans
tous ses états, ne résiste pas à l’envie de les voir et surtout photographier de
plus près. Et pour cela il n’hésite pas de slalomer entre les rochers de
la forte pente qui conduit à leur enclos. Un peu plus loin, Éric, caméra
au poing, est en train de traquer une paisible marmotte qui se prélasse
sur un rocher au bord du torrent.
Soudain, le large chemin agricole fait place à un étroit sentier qui
serpente dans une vigoureuse montée entre racines et grosses caillasses,
agrémenté d’un foisonnement de fleurs aussi variées que parées des
couleurs allant des pastels au plus éclatantes, dont ce bleu profond des petites gentianes
devant lequel je ne me lasse pas de m'émerveiller.
Finies les
visions bucoliques de tout à l’heure. Pour ma part, appuyé sur mes deux
cannes télescopiques, j’ahane mais avance tout de même. J’envie Romain (oui !
il était venu avec sa maman passer ces quelques jours de vacances avec
nous), qui court à l’avant comme un lapin. Mais à force de poser un
pied devant l’autre, je finis par parvenir au pied de ce fameux barrage de
Cleuson. Il se dresse devant nous sous la forme d’un gigantesque mur. En
fait, en consultant Internet, j’apprends qu’il fait 87 m de haut, 420 m
de large et qu’il retient 20 millions de m3 d’eau.
Le temps de reprendre un peu notre souffle, et, sous la conduite de
Gérard, notre Président, qui, dit-il, s’est porté à l’avant pour qu’il n’y
ait pas à l’arrivée 4 Atzenhoffer en première position, nous entamons la
dernière partie de la montée. C’est raide, c’est rude ! Mais Gérard ne
parviendra pas à décrocher le petit Romain, ni d’ailleurs les 3 autres
membres de la famille Atzen. Je pousse un ouf de satisfaction et
intérieurement même de victoire lorsque je débouche sur le couronnement du
barrage. Une petite chapelle, dédiée à Saint Barthélemy, a été érigée sur
le terre-plein, juste à côté du barrage. Un troupeau de vaches qui pâture
les alentours a transformé la prairie entourant la chapelle en champ de
bouses. Après tout, cela fera d’autant mieux pousser l’herbe, l’année prochaine.
Le lac formé par le
barrage étale langoureusement ses eaux turquoises serties dans une châsse
de granit.
Du côté de la chapelle, une vue imprenable sur le val de Nendaz s'offre à
nos yeux ébahis.
Les Chefs de course, contraints par le "timing" de la
journée, ne nous accordent guère de temps pour flâner sur place. A peine les derniers sont-ils
arrivés que nous nous regroupons pour une photo souvenir. Puis nous
entamons la descente.
Suivant les conseils de Roby, je pars en avant des
autres pour ne pas les gêner tout à l’heure dans leur progression. Mais
ils n’ont pas dû marcher aussi vite que cela, puisque, à part Éric
toujours en chasse photographique de marmottes, ils ne m’ont jamais
rattrapé.
Grâce à l’intervention « diplomatique » de Marie-Rose Demange, empêchée
par son pied accidenté de participer à la promenade , nous avons pu
pique-niquer dans d’excellentes conditions à la terrasse d’un restaurant.
Après le repas, nous sommes rentrées directement dans la Vallée de la
Bruche où nous sommes arrivés sans encombre aux environs de 19 heures.
Au moment d'aller au lit et, tout en enlevant avec regret la médaille
accrochée à son cou, Romain m'a demandé si demain nous marcherons 3 ou 6
heures? J'ai réservé ma réponse ...
A bientôt
cousine Eugénie, ton cousin préféré, Gérard
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