Mercredi 25 - Dimanche 29 Août 2010 Sur le Chemin de COMPOSTELLE
KAYSERSBERG - BELFORT Organisateur : Claude THOMAS |
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Voilà, nous y sommes ; après un petit contretemps : Viviane, déjà portée par les ailes de la symbolique spirituelle de l’aventure, avait oublié ses papiers et monnaie à la maison. Signe du détachement matériel de ceux qui entreprennent le chemin. Nous démarrons à Kaysersberg par un sentier qui monte à travers la forêt pour nous mener à Ammerschwihr, joli village fleuri aux multiples pierres de grès sculptées et enseignes en fer forgé qui agrémentent les maisons traditionnelles. A Katzenthal, nous admirons les vitraux de l’Église qui montrent la beauté des artisans au travail et de leur savoir-faire. Puis, nous allons à travers vignes, ces vignes si soigneusement plantées en un patchwork à la géométrie épousant les formes des collines et les tracés des chemins ; pour découvrir au loin, Niedermorschwihr, comme posé dans un écrin, que surplombe le clocher singulièrement vrillé de l’église. Chaque village est différent dans le cachet de ses maisons, dans l’aménagement de ses rues, dans les soins apportés au fleurissement, à la préservation et à la mise en valeur du patrimoine. Chaque église est d’une architecture spécifique et révèle des trésors de beauté et de dévotion, dans les vitraux, les peintures, les sculptures, les boiseries qui reflètent toute la ferveur de ceux qui croient et œuvrent pour élever l’humanité à une dimension supérieure. Nous gravissons un nouveau flan de colline, passant devant l’un de ces beaux calvaires qui jalonnent le chemin, et laissant derrière nous cette autre colline qui venait de nous déposer dans ce village traversé avec l’esprit ouvert de ceux qui découvrent, simplement, tout en marchant. Et nous voici aux portes de Turckeim, belle bourgade à la multitude de particularités architecturales (clocher aux tuiles vernissées, tours à colombages, avancées de fenêtres sculptées et fleuries, fontaines, etc. ….), sans oublier les nombreux commerces au service des touristes. Nous nous accordons une petite halte, avant de poursuivre à travers la forêt de Wintzenheim, en direction des ruines du château de Hagueneck et du couvent Saint Marc qui ne peut pas nous accueilli, car déjà complet. Nous dormirons donc
à Gueberschwihr, où St Jacques est dignement représenté, veillant
sur la grande place, debout dans une niche surplombant la vieille
fontaine. Nous logeons au gîte
de Madame SCHERB qui nous reçoit comme des « enfants chéris » : confort
des chambres, qualité et abondance des repas, chaleur et convivialité des
échanges. Nous sommes comblés par ses attentions.
Les douleurs musculaires de la veille au soir se sont estompées dans les doux rêves de la nuit, mais pas les ampoules aux pieds ! Ni le poids du sac qui pèse sur les épaules. Nous gravissons le chemin en direction de Notre Dame du Shauenberg. La plaine d’Alsace s’étend à perte de vue dans un espace infini qui donne la sensation d’être suspendu entre ciel et terre ! Oubliés les efforts à fournir et les plaintes de notre corps qui proteste contre chaque nouveau défi que représente une pente ou un obstacle à franchir ….. les cadeaux que nous offrent l’environnement dans lequel nos évoluons nous rendent légers comme un oiseau porté par le vent. A Notre-Dame du Hubel les enfants ont écrits la prière de la forêt. Au Zinnkoepfle, les fleurs et les arbustes sont les occupants privilégiés du lieu. Il fait beau et nous avons en face de nous le Grand Ballon. Nous descendons à travers le vignoble calcaire, au microclimat presque méditerranéen, où les cèpes de vignes sont squattés par de petits escargots aux allures de coquillages. Ici, on élève le crémant au-dessus de Soultzmatt. Pique-nique à l’Eglise St Sébastien, immense, entourée d’un parc abritant de très anciens vestiges (sarcophages, baptistères et bas reliefs). Robi nous lit un extrait de l’histoire du lieu. A l’intérieur, nous sommes accueillis par des angelots, des colombes et des rayons d’or. Nous partons à présent au Val du Pâtre, havre de paix où les scouts ont érigé leur camp d’été. Difficile de quitter ce lieu enchanteur, mais nous poursuivons jusqu’au col du Dreibannstein, où nous trouvons des tables et un joli chalet en bois. Pause goûter ! Sur la route forestière qui nous mène à Guebwiller, nous découvrons une de ces créations insolites de la nature : un arbre qui s’est enraciné et a poussé sur l’un de ses compagnons dont la ramure et le tronc endormis le supportent vaillamment. A Guebwiller, nous
craquons pour une pause «glace » ! Avant de poursuivre la traversée de la
ville pour nous rendre à la Maison d’Accueil St Michel à Issenheim.
Passé le porche, une représentation de St Michel terrassant le Dragon nous
fait face dans un joli parc qui appelle à la quiétude et au repos. Nous
sommes accueillis avec beaucoup de gentillesse, un bon repas, des chambres
individuelles, un hall où des livres sont à disposition,…… Vendredi 27 août 2010 Les sacs sont toujours aussi lourds et les ampoules toujours aussi présentes. Le vent et la pluie ont débarqués pendant la nuit. Peu importe, nous poursuivons en direction de Jungholtz et Thierenbach. Recueillement dans un cimetière juif qui nous rappelle la souffrance intolérable de tout un peuple. Après le village, s’élève Notre Dame de Thierenbach, majestueuse, au milieu des prés offrant pâture aux chevaux et aux ânes. L’église, très sobre à l’extérieur, vient d’être dotée d’un tout nouveau parvis en grès des Vosges très bien agencé. A l’intérieur, des décors, tout de blanc et d’or, peuplés de statues aux couleurs vives et aux courbes gracieuses, sont un ravissement pour l’œil et l’esprit. Rencontre avec Jan-Olliver qui comme moi, admire la chair richement ornée et l’orgue immense. Jan a 20 ans, il chemine seul sur le chemin. Il est parti de Ravensburg et compte aller jusqu’à Cluny. Nous sympathisons et il se joint à nous, ravi d’avoir trouvé des amis avec qui discuter et partager ces moments intenses de découverte. Nous repartons à travers vignes, puis prés, sous le regard tranquille des vaches, jusqu’à Wattwiller. Là, nous essuyons un petit grain qui nous fait nous réfugier dans un café pour finir notre pique-nique avec une bonne boisson chaude. Mais la pluie ne dure pas, et nous allons gaiement en direction de Thann. Nous arrivons par des coteaux vertigineux portant les « Grands Crus Rangen ». En face, des prés où broutent paisiblement des ânes à la robe grise tachetée de noir, un cheval et un autre âne noir. Plus loin une rivière. Et un cocher qui arrive avec ses deux chevaux élégamment harnachés. Rencontre amicale et discussions informatives sur les particularités du vignoble qui ici, pour les équipes Wolfberger, nécessite de s’encorder. L’Église de Thann, en pierre jaune/beige, est immense et ornementée d’innombrables statues. Le porche à lui seul en compte des centaines. De quoi passer des heures à explorer la façade et tous ses détails. L’intérieur abrite une rareté : une vierge noire. Et, oh chance ! Ce
soir il y a un concert, gratuit. Jan et Viviane ne résisterons pas
à cette invite. Mais d’abord, nous allons déposer nos affaires au centre
d’accueil. Puis, retour aux abords de la cathédrale. Nous avons repéré un
caveau fort attirant où nous dînons avec grand plaisir. Elisabeth
fête son anniversaire. Samedi 28 août 2010 René nous a quitté hier soir, appelé par un autre voyage. Christiane a profité de son taxi pour rentrer chez elle, car les ampoules trop nombreuses et trop douloureuses lui rendaient le cheminement pénible. Notre itinéraire nous fait traverser la ruine de l’Eglise de Leimbach sobrement préservée au milieu du cimetière. Derrière se trouve une zone humide que nous longeons par un petit sentier qui entre dans la forêt. Plus loin, nous retrouvons les prés et les montagnes sur fond de nuages sombres avant d’arriver à Guewenheim. Là, Gilbert et Claude se transforment en parfaites lavandières, s’afférant avec application au bord du petit canal sur le lavoir en bois parfaitement conservé. C’est le week-end du marché aux potiers : nous découvrons avec plaisir et intérêt les belles créations, classiques ou modernes, mais toujours originales, en terre cuite, en raku, décoratives ou utilitaires, il y en a pour tous les goûts et toutes les fantaisies. En plus, une buvette propose bière pression, frites, saucisses : quoi de mieux pour réjouir les estomacs de randonneurs affamés ! Trêves de festivités, nous voilà repartis à travers bois, en direction de Bellemagny. Des quantités de champignons attirent notre regard (et notre convoitise) de part et d’autre du chemin. Mais voilà que nous croisons Notre Dame des Bouleaux, effectivement entourée de très jolis arbres aux belles ramures. Une rivière agrémentée d’un petit pont nous annonce la lisière de la forêt. Nous traversons un pont plus grand avec vue plongeante sur l’autoroute, puis rejoignons des prés, avant d’arriver à Bretten. Tout petit village typique du Sundgau où au détour d’une rue, par une boutade lancée sans prétention, nous voilà invités à boire le café dans une famille réunie au grand complet en ce samedi après-midi. Causeries, photos et échanges de mail … Nous voilà à
Bellemagny, aux portes du couvent, que Claude martèle à
plusieurs reprises avant de voir enfin celles-ci s’ouvrirent. La sœur
entre’ouvre le battant avec précaution. Ah, vous voulez dormir ici ? Je
vais voir …. Long moment d’attente …. "La sœur qui a pris vos réservations
n’est pas là", …..attente encore …. Puis Claude est invité à entrer ….
Attente … il revient et nous le suivons ….Chambres vieillottes et repas
sobre. Il n’y a plus qu’à dormir. Dimanche 29 août 2010 C’est la dernière étape. Nos corps ont pris la mesure et le rythme maintenant. Jan est toujours avec nous. Viviane, souvent un peu à la traîne, quand elle s’arrête pour prendre des photos ou quand la pente ralenti son pas. Ce matin, nous sommes sur la route du lait : Eh oui, les vaches et les petits veaux en attestent. Puis, nous traversons une zone d’étangs, où des panneaux instruisent le promeneur sur la vie qui règne au fond de l’eau. Puis à nouveau des vaches, de grandes statures, à la robe beige. Et des hirondelles sur les fils électriques aux abords de l’Église de Phaffans. Nous y entrons : l’intérieur de l’église est sombre, sauf une statue argentée, représentation d’une Jeanne d’Arc ailée, les yeux levés au ciel. Nous poursuivons à travers prés, laissant les montagnes derrière nous. Christian collecte les champignons pour son régal du soir. Et oui, ce soir, nous prenons le train pour rentrer chez nous. Mais d’abord, nous grimpons sur les remparts de la forteresse qui surplombe Belfort, offrant une vue à 360° sur les alentours. Puis, nous rejoignons la vieille ville, par un pont-levis et montons saluer le « Lion de Belfort ». Malheureusement, il est caché derrière un échafaudage garni de toiles qui le cachent à notre vue. Nous descendons la ruelle et l’escalier dédié aux alsaciens qui ont choisis d’être français entre 1878 et 1914 et prenons quelques dernières photos de groupe. Visite de la cathédrale, pause café sur la place, puis adieux à Jan-Olliver qui doit encore se chercher un endroit où dormir ce soir. Nous voici à la gare. Encore quelques heures ensemble dans le train et le chapitre de notre petite aventure et de nos partages se refermera ……. Jusqu’au prochain voyage ensemble ….. Il nous reste encore quelques 2130 km à parcourir jusqu’à St Jacques ! (Viviane BLONZARD)
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