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Mardi 17 juillet
Dès 9 heures, la troupe impatiente
s’interroge sous le soleil matinal déjà chaud, quant à l’absence inexpliquée d’Ahmed et de son bus. Mais le voilà enfin, retardé par
de lointaines manœuvres. Elles ont permis au carrosse de se rafraîchir…
Nous sommes conduits à travers la ville, en faisant bien garde aux nombreux vélos qui sillonnent les rues, jusqu’au parking qui
rassemble les bus des visiteurs, près du Hofgarten. C’est là que nous faisons connaissance de notre guide franco austro-bretonne :
Bernadette.
Au cours de notre transport vers le quartier Wilten, Bernadette nous informe sur les caractéristiques principales du pays et de la
ville, qui contient près de 35.000 étudiants rejetés en périphérie par le coût de l’immobilier, ce qui explique en grande partie le
foisonnement des vélos.
Nous arrivons à la
Basilique de Wilten,
construite au 18è siècle par les moines Prémontrés, qui conservent encore aujourd'hui leur couvent à proximité. La visite commentée
par Bernadette, nous permet de découvrir un ouvrage où règne la virtuosité du style rococo. La pièce maîtresse de l’édifice
trône dans le chœur : la statue de Notre Dame des Quatre Colonnes. A la sortie, nous avons la surprise d’assister à l’exercice d’une
chorale de jeunes « étatsuniens », qui prend notre suite dans la nef pour un concert improvisé.
Sur le parvis, notre guide effectue
une pause propice à des explications sur l’écologie des vallées autrichiennes, l’étagement des plantations, le peuplement humain et
animal, et la gestion des forêts. Le cimetière tout proche lui permet de nous renseigner sur les coutumes mortuaires de ces vallées.
Nous reprenons notre chemin, longeant l’impressionnante gare d’Innsbruck, en vue de la visite du Palais Impérial.
La position du parking des bus nous conduit à traverser le Hofgarten, peuplé d’arbres ancestraux, pour déboucher sur le Rennweg,
sous l’impressionnante façade du Hofburg, où nous recevons de Bernadette les explications principales à propos de Marie Thérèse,
l’« impératrice » aux 16 enfants, à qui l’on doit la forme définitive de ce palais.
Pour accéder à l’édifice, nous empruntons la Hofgasse très animée, en passant sous la plus ancienne tour du château. Après un bref
rassemblement des brebis irrésistiblement attirées par les boutiques de la Hofgasse, nous pénétrons dans le Palais Impérial.
Nous arrivons, après un détour technique au sous-sol, et une suite d’escaliers tortueux, à la salle des gardes décorée de
scènes exposant les mauvais traitements infligés aux turcs par la Maison de Habsbourg. Bernadette nous rappelle l’origine des
viennoiseries, qui perpétuent le souvenir des boulangers de Vienne, qui ont facilité la défaite de ces envahisseurs.
Puis nous accédons
au sein de la Salle des Géants,
dont les dimensions et la décoration impressionnent. Sous un plafond peint à la gloire de la maison Habsbourg-Lorraine, les murs
sont couverts des portraits en pied des 16 enfants de Marie Thérèse, qui font cortège aux portraits du couple impérial et de leurs
alliés et collatéraux.
Nous apprenons que c’est dans cette salle immense (32 m, sur double hauteur), que furent tournées certaines scènes des films de
Sissi.
Ensuite nous déambulons le long d’une enfilade de pièces d’apparat, dont la salle à manger entièrement préparée, où scintillent des
cristaux de Bohème, pour finir par une pièce évoquant le souvenir tragique de Sissi et de son mari François-joseph. Le retour
s’effectue d’abord par le salon chinois et ensuite les communs.
C’est à 11 heures que cette visite s’est terminée, et
nous reprenons le chemin par la Hofgasse, vers la « rue-place » Maria-Theresien-Strasse. Là nous reformons le groupe autour
de Bernadette pour contempler le fameux « Toit d’Or » chargé d’histoire en sus de son métal précieux. Une curieuse maison
exagérément rococo carrément « mit sahne », attire l’attention à l’angle opposé. Au-dessus de nous s’érige le beffroi.
Nous avançons dans la rue qui se resserre pour donner une meilleure vue aux multiples oriels qui se souviennent des
fêtes et supplices d’antan donnés au pied du Toit d’Or. Nous pressons le pas avec vigilance pour éviter toute échappée intempestive
des dames vers l’exposition Swarowski. La faim qui tenaille chacun rend cette tâche plus facile, et nous parvenons sans
pertes au restaurant.
Le décor
metallico-traditionnel de cette brasserie artisanale ne fait pas oublier la chaleur qui y règne ! Chacun y remédie à sa manière,
mais la majorité s’en remet à une bière consommée dans un délai propre à éviter toute évaporation préjudiciable. En tout état de
cause la table est tout à fait correcte. Chacun, et surtout chacune est heureux d’apprendre qu’en raison d’un programme peu chargé
dans l’après-midi, deux heures de lèche-vitrines sont généreusement allouées par notre organisateur (la
sérénité soit avec lui). C’est là que
Bernadette nous quitte non sans avoir cédé quelques documentations aux amateurs.
Aussi, dès les consommations réglées, la troupe s’égaille en direction des vitrines, sans omettre une pause rafraîchissante chez
Inter-Sport, le magasin climatisé le plus proche, qui connut là sa plus forte concentration de visites avec le minimum de chiffre
d’affaires…
C’est à 15 heures que le groupe se reconstitue sous les frondaisons du Hofgarten, pour embarquer en direction du château d’Ambras,
où nous sommes accueillis par notre guide : Claire (de Bordeaux). En premier lieu elle nous dirige vert la magnifique « salle
espagnole » préparée pour un concert, dont on admire les dimensions et l’ornementation impressionnantes.
Ensuite nous sommes dirigés vers le
« château bas » qui nous permet d’examiner avec les commentaires de Claire, l’essentiel des collections précieuses ou bizarres
rassemblées par l’archiduc Ferdinand II. En raison de la température ambiante, chacun a eu une pensée charitable pour ceux qui jadis
devaient revêtir les armures, rassemblées en grand nombre en ces lieux. La même pensée s’adresse aux innombrables victimes de
« Dracula » dont le portrait figure en bonne place dans cette collection.
Nous rejoignons enfin le véhicule surchauffé à 17 heures 30 pour nous diriger vers la Gasthaus Pension Walzl pour une pause
réparatrice.
A 18 heures 30 chacun est prêt pour l’aventure à Natters.
Ahmed nous facilite l’approche grâce à son bus moelleux, mais force nous est de débarquer à distance de l’objectif. Nous suivons
nos guides Wolfgang et Richard, d’abord au sein d’une belle futaie, puis le long d’un tendre raidillon, pour découvrir enfin une
ménagerie fort bien achalandée qui anime la cour de notre but : l’Auberge Natterer Boden. Nous sommes accueillis là en
musique par un accordéoniste dynamique, et le groupe suivi de ce mentor mélodieux se serre dans la petite salle qui lui est
réservée.
Le dîner fort agréable qui nous est servi est sonorisé par notre accordéoniste, à la frénésie croissante et communicative. Un
dessert délicieux* nous est servi pendant que les candidats à la danse s’évertuent dans l’espace fort réduit qui leur reste. Nos
guides, avec la prudence née de l’expérience, sont restés prudemment dans une autre salle pour échapper à cet enthousiasme
bruyant.
À l’issue de ces exercices, et grâce à la nuit enfin tombée, la distribution des lanternes prend tout son sens, et le
départ est donné. La marche s’effectue dans un désordre sympathique, la troupe s’étant bruyamment déclarée rétive à toute
organisation en ordre serré. La profondeur des ombres en sous-bois, en rien atténuée par la chétive lueur des lanternes, pourrait
expliquer le besoin irrépressible ressenti par certaines à entonner des refrains aux couplets « un peu » hésitants. Cet
accompagnement « musical » se poursuivit toutefois aussi après que la troupe ait débouché dans les champs, puis dans le village,
où les animaux, sans doute coutumiers du fait, firent preuve d’une indulgence discrète.
Enfin nous parvenons auprès de notre véhicule et du fidèle Ahmed.
Les chants s’éteignent comme les lanternes… (Roland Liotté)
* il paraît que Germaine a réussi à en extorquer la recette
au tenancier…
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