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VENDREDI 27 AVRIL 2007
En route pour les gorges de la Vésubie. Après avoir parcouru environ 50 km en
car, longé la vallée du Var, nous voici au point de départ de la randonnée. Nous nous scindons en deux groupes, le car achemine une
partie des randonneurs un peu plus haut. Les premiers (29 en tout) démarrent sur un chemin qui se transforme en ruelle dans le
hameau de Cros d’Utelle. Il nous fait grimper entre figuiers, oliviers et jardinets plus ou moins abandonnés jusqu’à l’église située
à 340 m d’altitude. Il est environ 10 h.
Peu à peu le silence s’installe parmi les marcheurs. Et comme les plantes s’adaptent à la sécheresse, chacun adapte son pas, son
rythme au terrain caillouteux, à la montée progressive. Le sentier surplombe des gorges profondes qui ont entaillé les falaises
calcaires. Tous nos sens sont sollicités dans la garrigue : les plantes aromatiques thym, sarriette, serpolet, lavande parfument
l’air. Et pour les yeux, les couleurs : cistes roses, bragalous bleus, autres fleurs d’un jaune éclatant. Au loin tintent des
sonnailles, les oiseaux se répondent et le coucou lance son appel. Une véritable symphonie pastorale. Et dans ces âpres paysages
cheminent silencieusement à nos côtés des personnages romanesques comme Manon des Sources ou autres héros de Pagnol, Giono ou
Daudet.
Bordé de buis, de cades, et de divers arbustes épineux, le sentier nous mène à la Chapelle St Antoine où nous laissons une trace de
notre passage dans le livre d’or. Et après une courte pause, nous reprenons notre marche au soleil. Nous traversons une forêt claire
de genévriers, de chênes noueux, de châtaigniers, de pins. Après 13 h. nous arrivons dans le village d’Utelle. Visite rapide de
l’église Saint Véran. Encore du baroque avec ses colonnes et pilastres en stuc, ses piliers torsadés, ses décors rocaille, ses
volutes et ses ors, hélas, défraîchis. Nous y retrouvons un artiste déjà rencontré, l’auteur du retable de l’Annonciation, le
peintre niçois Ludovic Bréa. Mais les marcheurs après les nourritures spirituelles aspirent à des nourritures plus réelles. Ouf, la
cour du "Bellevue" un beau restaurant à la sortie du village nous propose ses tables et ses bancs pour le pique nique. Bien vu. Des
nuages gris apparaissent. Menace réelle ? Enfin la dernière étape est amorcée. Une promenade digestive en somme, pour gravir les
derniers mètres nous menant à Notre Dame d’Utelle. Encore une heure de montée, nous dit-on. Une alerte à la pluie, on sort Kway et
capes, du moins les plus prévoyants qui, bien sûr, ont pensé à tout. Heureusement l’ondée est de courte durée.
Derniers lacets, arrivée sur le plateau et voici le sanctuaire de Notre Dame des Miracles, un célèbre lieu de pèlerinage dans un
site de toute beauté.1172 m d’altitude. La Madone d’Utelle qui veille sur les villages en contrebas a réuni tous les participants.
Le car nous attend.
La descente est un autre morceau de bravoure pour Christophe notre chauffeur. Une série serrée de virages en épingles à cheveux très
difficiles à négocier. Il fallut manœuvrer fin, avancer, reculer et recommencer encore. Les à-pics se rapprochaient dangereusement.
Silence total dans le bus. Du grand art pour le chauffeur qui a bien mérité une étoile supplémentaire. Autre obstacle : un groupe de
vaches noires au faciès farouche, un taureau aussi fort que le Minotaure s’avancent sur la route étroite et se plantent là pour nous
regarder. Situation cocasse, attente. Cette fois, les conversations vont bon train. Dernier aléa de cette journée riche en émotions,
le pont qu’il fallut franchir en marche arrière.
Puis la routine. Rassérénés, heureux, nous avons regagné le village vers 18h 45. Vivement le petit rosé !
Yvonne Lehmann
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