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Ce n'est pas au temps qu'il faut incriminer le désintérêt porté à cette sortie dans les
Hautes Vosges. Nous étions en effet que douze (comme les apôtres !) à y participer et c'est peu encourageant pour les
organisateurs.Ceci dit, elle semble avoir donné beaucoup de satisfaction aux participants de cette randonnée totalement originale.
La marche a débuté à l'heure prévue au hameau du Rudlin. L'étang des Dames, la Belle Chapelle, le sentier de l'Ermite témoignent du
passé monial de l'endroit. Montée douce sur le flanc ouest de la vallée de la Meurthe. Premier casse croûte au petit col de
Ciregoutte. Bientôt la vue vers le Nord se dégage : au premier plan, Plainfaing et Fraize, puis Saint-Dié. Au loin François avec ses
jumelles pense avoir aperçu le Donon. Après avoir passé le col du Sifflet, nous débauchons sur la chaume de Sérichamps ( 1145 m ) .
C'est un vaste pâturage d'une centaine d'hectares, en fenaison ce jour de beau temps. Nous découvrons sur cette chaume trois
constructions inesthétiques : le pylône métallique d'un relais hertzien, un soit disant refuge constitué par un wagon des chemin de
fer polonais, complètement délabré, une maison neuve dont la construction est inadaptée au site, érigée sur les fondations de
l'ancienne ferme sinistrée. Par contre la vue qui s'offre à nous est unique. Nous voyons en face de nous et depuis l'Ouest, la crête
sommitale du massif vosgien. En enfilade: les cols du Bonhomme, du Louschbach, du Calvaire, le Tanet, la Schlucht, Le Hohneck en
face de nous, puis vers le Sud, Le Rainkopf, la Marckstein, le Ballon d'Alsace. Le chroniqueur du Club Vosgien ne s'est pas trompé
en qualifiant l'endroit de la plus belle vue des Vosges.
Pique-nique de midi sur une place aménagée en lisière de forêt, puis descente rapide vers le hameau du Grand Valtin, resplendissant
sous le soleil. Cela devient bientôt moins réjouissant, car, toujours en plein soleil, nous entamons une rude montée de 15O m en
contournant le village du Valtin pour nous diriger vers le rocher surplombant cette vallée, nichée dans un ancien cirque glaciaire.
Sa forme en auge est caractéristique et unique dans les Vosges. Le Valtin vient du latin Veltinius qui signifie " joli petit val".
La vue aérienne depuis notre piton est grandiose. Ce plaisir il faudra en être digne et le payer. La descente dans la falaise, des
éboulis et autres pierriers est en effet scabreuse et une attention ininterrompue est conseillée par les chefs de course. Notre
petite troupe bien groupée s'en tire bien et, mise à part une chute mineure sans conséquence, il n'y a pas d'incident à signaler. Ce
sentier sort au lieu dit le Talet. Nous traversons la Meurthe et continuons notre cheminement sur le versant opposé par le sentier
dit de l'Ermite. Les anciens le connaissent pour l'avoir pratiqué il y a trente ans et se rappellent de l'épisode des fermières d'un
autre âge.
Comme prévu nous sommes de retour aux voitures à 16 h après avoir bouclé un circuit aussi pittoresque que varié. Pour terminer une
petite citation poétique d'Arthur Rimbaud qui traversa cette montagne :
" c'est un trou de verdure où chante une rivière
accrochant follement aux herbes de haillons
d'argent; où le soleil, de la montagne fière,
luit : c' est un petit val qui mousse de rayons "
(Jean-Claude KRETZ)
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