Ils
étaient 19 randonneuses et randonneurs courageux (malgré l'annonce « assez
difficile » sans doute un peu excessive), décidés à voir de plus près
des lieux plus ou moins bien connus, et pourtant très proches de notre
cadre quotidien. Regroupés au parking du cimetière militaire allemand sur
la route d' Abreschwiller, à la limite du Bas-Rhin et de la Moselle
(alt.813 m), ils ont d'abord pris le sentier des Bornes, bien nommé pour
ses bornes remarquables de l'ancien Prieuré de ST.QUIRIN, jusqu'à la
Baraque Carrée (alt.741 m).
Il
s'agit là d'un passage naturel très ancien entre la Vallée de la Bruche et
la Vallée de la Sarre ; en 1905 on y a trouvé une pièce de monnaie
ancienne et un fer de lance prouvant une présence en ces lieux dès
l'époque romaine. L'abri en rondins actuel a été construit en 2005 par l'
O.N.F., remplaçant celui de 1974 édifié également par l'ONF avec le
concours du 1er Régiment du Génie.
Après ce
premier petit arrêt-boisson, ce fut l'ascension des pentes du NOLL et du
NARION par un ancien sentier rocheux mais agréable (avec toutefois deux
raccords de pistes un peu scabreux) jusqu'à la Baraque des Juifs (alt. 927
m), dont la dernière partie est parfois appelée Balcon du Noll-Narion,
pour les quelques jolis points de vue sur la vallée de la Bruche.
La
Baraque des Juifs implantée au Col du Narion, a été construite par les
bûcherons avec l'aide des communes forestières locales, et inaugurée en
grandes pompes par le Club Vosgien de Lutzelhouse le 1er Mai 1986. Mais
dès le Moyen-Age existait ici un abri pour les marchands de bestiaux juifs
qui faisaient la navette entre la vallée de la Bruche et la Lorraine
voisine ; ils y passaient la nuit avec leurs animaux parqués dans un
enclos de pierres encore visible aujourd'hui.
Les
montres n'indiquant pas encore Midi, le groupe a poursuivi sa randonnée
jusqu'au lieu-dit ALTMATT et son ancien refuge (1905) auprès duquel chacun
a enfin pu déposer son sac à dos et profiter de son contenu amené à cet
effet.
Profitant de la pause, le guide a expliqué qu'à la fin de la dernière guerre, alors que les villages de la vallée étaient encore occupés par l'armée allemande, un détachement de soldats américains s'était établi ici à l' Altmatt, où quelques jeunes de Lutzelhouse, dont Alphonse H. ici présent, venaient leur rendre visite, avec force chewing-gums et chocolat à la clé... Après le
repas, le guide a tenu à faire (re)découvrir au groupe le site du NOLL,
ancienne haute-chaume bénéficiant d'une vue étendue, notamment sur le
plateau lorrain, et peuplée jadis d'une autre relique, le Grand-Tétras
aujourd'hui disparu du site. Il y a une trentaine d'années, le sentier de
Grande-Randonnée (GR 53) passait sur cette ligne de crête, et notamment au
Rocher du Narion tout proche ; au nom de la protection du Grand-Tetras, ce
tracé a été supprimé pour passer plus bas, mais le Grand-Tetras a déserté
les lieux, randonneurs ou pas. L'ensemble de ce territoire vient d'être
classé « Natura 2000 » ; espérons cette fois que les objectifs de
protection des espaces naturels seront atteints …
Après le Noll, et un
regard nostalgique vers le Rocher du Narion aujourd'hui inaccessible par
sentier, ce fut la descente à l'ancienne Maison Forestière du Grossmann
avec sa maison ouvrière joliment aménagée par le Club Vosgien de
Sarrebourg. Ah, si les pierres pouvaient parler ! Elle en a vu passer
cette très ancienne bâtisse, comme le prouve le Grossmannstein,
rocher indicateur situé à un carrefour de vieux sentiers, à un peu plus
d'un km plus haut, et qui porte la date de 1680, indiquant entre
autres le GROSSMANNHAUS, preuve que la maison existait déjà à cette
époque !
Après ce vénérable rocher-témoin, il ne restait plus aux vaillants dix-huit qu'à descendre à nouveau à la Baraque Carrée, inévitable point de passage en direction du Donon. Ce fut une bonne descente : de 900 m à 740 m d'altitude en un peu moins de 700 m en ligne droite. Le reste ne fut plus qu'une formalité pour ces randonneurs confirmés, en empruntant cette fois la route des Russes, y compris la petite portion du début rendue impropre à la circulation par arrachage de la couche de roulement, mais parfaitement accessible aux marcheurs. Il était à peine 16
h. en arrivant aux voitures.
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