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Le sentier des passeurs est à cheval sur trois vallées emblématiques de
la Lorraine et de l'Alsace. Il débute au Salm, vallée de la Bruche,
traverse une partie de la vallée du Rabodeau et se termine aux portes de
Raon l'Etape. C'est d'ailleurs par cette gare et celle d'Etival
Clairefontaine que se clôturait le long périple dangereux des passeurs. Ce
circuit est le témoin du courage des passeurs qui au péril de leur vie
aidèrent les fugitifs à quitter l'Alsace de 1941 à 1945 .

Les seize (avec la photographe, mais qui était-ce
?) devant l'abri de la Haute Loge |
Ce dimanche matin, place de la gare à Schirmeck, il
fait plutôt frisquet. Température qui, toutefois, n'a pas découragé les 12
matinaux randonneurs qui se sont retrouvés à 8 h.30 sur le parking. En
effet, ils avaient ajouté foi aux prévisions météo prévoyant chaud
l'après- midi. Ce qui se confirmera.
Arrivés au parking de la Maison Forestière de Salm,
4 autres randonneurs nous y attendaient "sagement ". Le temps de se
saluer et de mettre les bonnes grosses chaussures "à semelles très
résistantes", nous voilà engagés sur la Route Forestière des Allemands. La
montée est plutôt douce et nos pensées vont vers ces intrépides et
courageux passeurs ainsi qu'à ceux et celles qu'ils ont aidé à traverser la
"frontière de la liberté". Nous cheminons tranquillement, entourés d'une
très belle forêt et aussi de grandes fougères. Nous traversons le
croisement formé par le sentier de la Vallée des Framboises et le chemin
des Seigneurs, et poursuivons notre route avec, à notre gauche, la Zone
Naturelle, (clôturée), de la Chatte Pendue. |
Parvenus au niveau du lieu-dit "les chalets Frientz" (qui
semblent avoir été démontés), nous avons marqué une pause à la stèle
rendant hommage aux passeurs.

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Après avoir écouté les explications de notre
guide Éric, nous avons continué notre périple, jusqu'à la borne frontière
(Bas-Rhin-Vosges). En l'absence de police des frontières et de douanier,
nous l'avons allègrement franchie pour nous engager sur un chemin très
agréable bordé de bornes blanches gravées de colombes, de signes de paix,
de fraternités, etc. Il y en avait un peu partout sur ce circuit ouvert
du 1er juillet au 1er octobre à "l'expo d'art contemporain". Ainsi, nous
croisons une Echelle du Temps de10 m. , l'arpenteur ou encore un âne. |

ouf ! la frontière vient d'être franchie sans encombre |

des bornes de paix jalonnent aujourd'hui le chemin des passeurs |

l'échelle du temps |

l'arpenteur |

tout le monde l'aura reconnu |
Après ces découvertes insolites nous arrivons à une ruine d'une
ancienne ferme mennonite (892 m). Là, nous prêtons une oreille
attentive aux explications du guide avant d'entamer la montée un peu
plus sportive jusqu'à la Haute Loge (933 m).

Quelques pans de murs, seuls vestiges de cette ancienne marcairerie
abandonnée dès les années 1840 |
Là haut, à 933 mètres d'altitude, il souffle un fort vent fort désagréable. Mais
nous sommes tout de même largement récompensés par la beauté du
paysage. Nous sommes surpris de voir un avion sur le toit de l'abri et
des figurines de personnages peintes en bleu qui semblent vouloir
s'échapper d'une situation mortellement dangereuse aidés par d'
héroïques passeurs.

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De cet endroit nous avons commencé la descente vers
Moussey.

Sur le chemin nous avons rencontré une femme "boîtes aux lettres ".
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Comme il était midi et qu'à midi les randonneurs mangent, la chance nous sourit sous
la forme d'un bel abri nommé Bernard.

L'abri BERNARD
Certains on opté pour banc et table, d'autres
ont préféré se mettre "au vert " et au soleil.
Voici que tout
d'un coup, au moment " du fromage", un cri poussé par notre président
déchire la douce quiétude "ma semelle s'est décollée ! j'ai perdu
ma semelle ! ".
Fou rire général ! Et pourtant ce n'était pas un gag. |
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Peu après, nous sommes rejoints par un petit groupe
de marcheurs qui voulaient eux aussi profiter de cet abri pour casse-croûter.
Ils attendaient là que nous ayons rangé nos affaires et pour prendre nos
places. De notre côté, nous n'avions aucune envie de les leur céder
aussi vite. Mais bon, nous étions galants et avons fini par leur concéder nos
places au soleil.
Quittant ce lieu très agréable , nous avons repris le
sentier vers Moussey par une forêt magique où se mêlent parmi de grosses
roches hêtres, bouleaux, houx, alisiers, sorbiers. Tout au long de ce
sentier des artistes ont donné libre cours à leurs idées pour rendre
hommage à ces passeurs qui, au péril de leur vie, aidèrent des fugitifs à
rejoindre la France : photos sur les arbres, balais, pelles. Le plus
marquant c'était les chaussures pour symboliser le passage des passeurs.

sans semelle et sans bâtons... et ça marche !!!
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Au Trou du Cuveau (710 m), des boîtes à sons (appeaux)
étaient attachés aux arbres. En tirant sur une cordelette on pouvait
entendre le cri de la fauvette, de la chouette hulotte ou encore du geai
de chêne. Assez surprenant.
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Nous avons pris un peu de repos sur des bancs autour d'un totem érigé en
2006 et là un autre randonneur nous annonce qu'il a lui également perdu
une de ses semelles. Décidément c'était la journée des " semelles perdues"

Il en aura fallu de la patience et du savoir-faire de la part du
sculpteur de ce "totem"
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Quel bonheur de pouvoir jouir d'un peu de repos et de silence
après 13 km de marche, surtout pour les 2 randonneurs qui ont
perdu leur semelle ! |
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Nous nous rapprochions de plus en plus de Moussey. Après une
dernière descente un peu plus rocailleuse et sportive, nous voici
arrivés au village de Moussey.

Aménagement florale à l'entrée de Moussey |
Nous étions attendu par un habitant du village qui nous a ouvert
l'église pour nous donner quelques explications.

L'église de la Trinité de Moussey ... |

... de style néogothique, elle fut construite en 1851 aux
frais du maire après qu'il eut tenté en vain d’obtenir une
aide de la préfecture |
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Impressionnant le lourd tribut (144 morts en déportation) payé par les
habitants de Moussey pour leur aide aux évadés |
A la sortie de l'église, le car nous attendait pour
nous ramener à la maison forestière de Salm où nous avons repris nos
voitures.
Ce fut une très belle randonnée.
Un grand merci à nos guides Éric et Arsène. (Francine
Troesch)

Compte-rendu et images sont de Francine Troesch |
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