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SAMEDI 15 JUILLET 2006 Journée qui aurait été la bienvenue en milieu de semaine, mais les guides n’étant pas
disponibles avant samedi, il a fallu s’aligner sur eux.
LA VILLE D’AOSTE
Après avoir une fois de plus négocié avec succès le virage en épingle à cheveu pour Valtournenche, notre car roule en direction d’Aoste. Sur la route nous apercevons le Castello d’Isell à Saint Vincent bien
perché sur sa colline, comme le sont la plupart des châteaux du Val d’Aoste.
Nos deux guides Adelina et Attilia sont au rendez-vous. La répartition dans les groupes se fait selon le principe : valides d’un côté, ceux avec protusions, ampoules, autres bobos ou rêvant de « cool » de
l’autre. Ces derniers sont confiés à Adelina. Attilia emmène l’autre groupe.
Nous commençons par l’Arche d’Auguste, un vrai symbole. La ville est dominée par le Mont Emilius, au loin on aperçoit le massif du Ruitor. La cité d’Aoste a
subi de nombreuses influences. Dès le néolithique on dénote des installations humaines à 1000 m d’altitude, au passage des cols. Au 1er s. après J.C., la ville aujourd’hui capitale du Val d’Aoste
porta le nom d’Augusta Praetoria en l’honneur de l’Empereur Auguste, fondateur de la cité. Elle est située au confluent de la Doire Balté et du torrent Dugué, donc au croisement des voies de communication. Au
cours des temps le tracé rectiligne des voies romaines a été largement modifié. La ville compte aujourd’hui 35000 habitants.
Les fouilles archéologiques de l’Eglise Saint Laurent ont mis à jour la disposition en croix latine de l’église paléochrétienne initiale. On y découvre les
tombeaux de 8 évêques et des ossuaires. Jusqu’au 8e s. elle fut basilique funéraire et détruite par une inondation au 9e. s. L’église Saint Laurent continua d’assumer un rôle de nécropole
pour la ville romaine.
A proximité, la Collégiale de Saint Ours se présente à nous, imposante avec sa tour de défense érigée pour la protection des habitants. L’église a également une
assise paléochrétienne. La nef est d’architecture gothique et le jubé témoigne du baroque. Le chœur possède 145 stales historiées en bois. Le maître-autel est en marbre polychrome de Carrare. Des fouilles
entreprises en 1999 sur l’ordre de Georges de Challant ont dégagé une très belle mosaïque romaine en forme de carré. Orientée selon les quatre points cardinaux, elle représente Samson terrassant un lion. Une
crypte est dédiée à Saint Ours, chanoine, il offrait son assistance aux pauvres. Il est vénéré pour soulager les maux de dos. Passer sous une barre située derrière l’autel est sensé vous guérir, seulement elle
est placée à une telle hauteur que seuls les dos en bon état peuvent se glisser dessous ! Les dalles sont en marbre vert d’Aoste, sans doute également celui des marches de l’escalier de la Villa del Seminario. Un
joli cloître du 12e s. jouxte la crypte. Il présente 47 colonnes avec chapiteau et base en marbre blanc. Une fontaine en orne le centre. Les motifs sculptés représentent des animaux mythologiques, des
épisodes du nouveau testament et de la vie de Saint Ours, ainsi qu’une scène de la fable du Corbeau et du Renard de La Fontaine (fontaine oblige). Malheureusement le marbre blanc a été recouvert par un enduit
impossible à éliminer. Le motif fourni pour ce masquage n’est pas clair : protéger des infiltrations d’eau ou éviter toute dissipation aux moines....
On ne peut quitter cet ensemble architectural sans honorer un magnifique tilleul de 450 ans détenteur de bien des secrets et un dernier coup d’œil au magnifique
prieuré de style Renaissance construit et habité par Georges de Challant.
La visite continue par le passage d’une porte prétorienne. Dans le passé il y en avait quatre placées sur les quatre côtés du rectangle formé par la ville. La porte est construite en marbre vert d’Aoste avec un
rajout d’un conglomérat de roches. Les fouilles entreprises à cet endroit permettent de constater que le niveau de la ville, suite aux inondations, s’est relevé de trois mètres.
Le théâtre romain et l’amphithéâtre en restauration depuis 2000, pouvaient contenir 20000 personnes et témoignent de l’importance d’Aoste devenue la Rome des
Alpes. On aperçoit au loin le Grand Combin et tout proche le mont Emilius qui domine la ville à 3560 m. Les jeunes gens pour prouver leur virilité devaient le grimper au moins une fois dans leur vie et au mieux
en portant une femme dans leur bras. Il est dit qu’un prieur a emmené sa nièce de dix ans. L'histoire ne dit pas s’il l’a portée : un tricheur de toutes façons...
Dernière halte à la Piazza Chanaux, combattant de la Résistance. Belle place où se trouvent l’Hôtel de Ville et le Palais Ducal. Notre guide Attilia tenue par son
horaire nous laisse. Nous ne visitons pas la cathédrale. D’après les renseignements recueillis auprès de l’autre groupe elle présente une magnifique façade avec réemploi de sculptures du 16e s.. Le
reste de l’église est moins marquant et contient un pavement en mosaïques du 12e s., des stalles gothiques du 15e s. et le tombeau de Thomas II de Savoie. La sacristie abrite un diptyque en
ivoire de 406 et la châsse de Saint Grat du 15e s. St Grat, évêque d’Aoste au cinquième siècle, est le patron de
la province. Très vénéré par les agriculteurs comme le saint protecteur contre les insectes, les taupes et les intempéries, il est fêté en grande pompe le 7 septembre.
Le car nous reprend aux alentours de midi pour l’Hôtel Cristina, classé « une étoile » et situé dans le vignoble du
muscat. Nous faisons un très bon repas. Toutefois, s’il fallait faire un classement à rebours il aurait mérité « quatre étoiles » pour l’aménagement des sanitaires : un seul local à porte vitrée pour les deux
sexes. Le restaurant recevant pour midi plus de 70 personnes on imagine aisément l’ambiance, relevée par un jeu inédit de « trouvez la chasse d’eau ». Il n’y a pas eu de victime officielle....
CONSIDERATIONS SUR LE VAL D’AOSTE
Le déplacement en car pour le château Fénis permit à Adelina, notre guide accompagnatrice, de nous parler de quelques unes des 74 communes du Val d’Aoste. Châtillon avait eu sa
renommée grâce aux sous-vêtements de soie qu’elle produisait. Saint Vincent, considéré comme la Riviera des Alpes, possédait un casino pouvant accueillir 1000 personnes. Hélas au fil du temps on a constaté que le
casino drainait prostitution et dérangement, les gens ont préféré aller au casino de Chamonix et sur la Côte d’Azur, entraînant le déclin de Saint Vincent. La notoriété du Baron Bic (celui des stylos à bille)
citoyen de Châtillon et restaurateur du Château de Fénis a largement contribué au développement de la région. La Juventus choisit Saint Vincent pour l’entraînement du foot, la présence du casino y étant pour
beaucoup.
Voici la LEGENDE DES GLACIERS, telle qu’elle nous fut contée.
« Nous sommes en hiver un vieux paysan se trouvant en difficulté vînt à passer près de la propriété d’un riche agriculteur et lui demanda l’aumône d’un bol de
lait. Le propriétaire offusqué et plein de rancœur déclara préférer jeter le bol de lait plutôt que de l’offrir au quémandeur. Le soir venu la neige se mit à tomber tant et si bien que tout le Val d’Aoste fut
rempli de neige et le fermier enterré dans sa ferme sous des tonnes de neige. »
Aujourd’hui les glaciers sont toujours là, mais ils ont bien fondu.
VISITE DU CHATEAU DE FENIS
Les premiers documents citant le château remontent à 1242. Il est installé sur un cône d’éboulis, ses remparts garnis de créneaux en queues d’aronde sont visibles
de loin. Aimone de Challant en fit en 1340 un très beau château féodal avec d’importants moyens de défense pour protéger un patrimoine conséquent. La profusion de tourelles, 4 carrées, 3 rondes, machicoulis,
meurtrières et autres en attestent. Une défense bien dissuasive puisqu’il ne fut jamais attaqué. Tout est prévu pour handicaper l’envahisseur : l’inégalité du sol et des marches... Le château a été propriété des
Challant jusqu’en 1716. Ruinés ils durent s’en défaire et il servit de grange à foin et d’étable. Après 1940, le château a été restauré par l’Administration Régionale de la Vallée d’Aoste.
Le château est meublé, mais le mobilier qu’il contient est d’origine très variée et notre guide nous dit bien qu’il ne doit pas être considéré comme un musée du
mobilier de la province. En 1551 on y dénombrait 117 chaises, preuve qu’il abritait pas mal de monde. On trouve une cheminée dans toutes les pièces. Celle de la cuisine est d’une taille imposante et permettait de
fumer des bêtes entières. Une pièce réservée aux dames offre des sièges en pierre placés en escalier près des fenêtres pour voir vers l’extérieur. La salle d’apparat avait à la fois un usage religieux et
administratif. En fresque, une Vierge de la Miséricorde au manteau déployé. Elle y abrite, avec d’autres personnages, Boniface 1er qui avait ordonné la création de la fresque en 1415.
La cour intérieure est certainement la partie la plus belle du château. Un escalier circulaire conduit
aux balcons avec balustrade en bois et à la fresque centrale de Saint Georges tuant le dragon et sauvant ainsi la princesse des lieux. Il est vrai que le dragon devait manger 7 vierges par jour !!!
Le texte des phylactères portés par les personnages sont endommagés, mais on peut en deviner un
« il est plus facile d’apprivoiser ours, chien et chat que femme rebelle ».
Bien sûr !
Bref, un château plein de charme et c’est avec tendresse et complicité qu’en sortant nous saluons le mûrier noir qui depuis 250 ans assume devant le portail son
rôle de guetteur. Laure Mellinger
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