REPORTAGES du Groupe n° 1
(les comptes-rendus ainsi que les photos sont signés de Edith Bilger)

Lundi 29 juin2015 : Juste quelques petits nuages dans un beau ciel bleu : le soleil est au rendez-vous pour notre premier jour de randonnée en montagne, quelle chance !

Tous embarquent dans le car dès 8h50 (comme toujours, avant l'heure c'est l'heure pour les randonneurs) en destination du lac artificiel de St Guérin (patron des troupeaux) mis en service en 1961 et auquel nous arrivons après 35 minutes de route difficile où Pierre, notre chauffeur, fait preuve de dextérité pour traverser le village d'Arèches aux rues anguleuses, les lacets serrés de la montée, les gorges étroites avant l'arrivée vers le barrage.

Les 32 marcheurs inscrits la veille se répartissent dans les deux groupes conduits par Stéphane et Francis, tandis que la majorité des autres participants, accompagnés du jeune animateur Hugo et de Pierre, entreprend le tour du petit (45 ha) Lac de St Guérin, aux belles eaux vert émeraude.

Alors que le groupe 2 mené par Francis monte directement vers la montagne,


nous avons le plaisir de dépasser le groupe 3, qui nous fait une haie de bâtons, à la faveur d'une petite pause après la passerelle himalayenne de 80 m qui surplombe l'extrémité du lac de 45 ha, face au barrage à voûte.
 

Nous leur rendons la pareille lors de notre petit ravitaillement avant d'entreprendre la montée, à « La Côte » à 1560 m d'altitude.

A la queue leu leu, les 16 courageux grimpent derrière Stéphane qui les conduit au-dessus du lac, en révisant les lointaines notions de géographie : par la forêt, puis la « zone de combat » où les résineux essaient de résister, puis de belles prairies fleuries (origan rose, campanule, véronique et géranium bleus, alchémille, orchidée vanille,...)

Les zones de Rumex (oseille crépue) généralement en cuvettes, indiquent l'ancienne présence d'une étable ou lieu de traite, les déjections de bétail ayant modifié la composition chimique du sol.


Le Mont Blanc, coiffé d'un béret de nuage blanc, nous apparaît alors pour la première fois à l'arrière-plan, de plus en plus majestueux au fur et à mesure de l'ascension.


De grosses tiges vertes et des feuilles nervurées : les fameuses gentianes jaunes dont on tire un alcool particulier ? Que nenni, les feuilles sont alternes ; ce sont donc des tiges de verâtre, toxique, pour faire la « liqueur de belle-mère » !

Petite pause pour s'hydrater au téléski des Grangettes à 1900 m, ...

 
...
avant de poursuivre par la Piste des Bonnets Rouges (bagnards puis prisonniers de guerre 14-18 coiffés de rouge pour une meilleure surveillance lors de leur travail forcé dans des mines) jusqu'au point culminant du jour, la Tête du Cuvy à 1991 m sur laquelle nous prenons notre premier pique-nique de la semaine (choix parmi un buffet, notamment de salades, fait au petit-déjeuner).


Stéphane commente le panorama et nous faisons connaissance avec le plus typique sommet du Beaufortain : la Pierra Manta 2714 m qui est aussi le nom d'une célèbre course hivernale.


La longue descente par la Route du Crêt Bron (1639 m) puis par la forêt nous donne de belles vues sur Arèches puis le hameau Le Chornais au-dessus du centre d'hébergement VTF (1150 m)

 où nous arrivons vers 16 heures, après avoir croisé une drôle de bête savoyarde : deux jambes bleues sous une énorme masse de foin maintenue par deux bras dénudés : courageux bosseur, cet habitant !

 

Douche, piscine, farniente au soleil, re-douche avant le repas du soir (19h) puis petite balade ou  jeux de cartes ou discussions-lecture, avant le repos nocturne pour clore cette première journée de marche. (Edith Bilger)


 

 
 


Mardi 30 juin 2015 : Ciel bleu, pas un seul nuage, il fait chaud !

Le groupe 1 s'est rajeuni avec la présence de Corentin, bientôt 13 ans mais s'est allégé en nombre. Les marches prévues sur la semaine étaient progressives en difficultés, mais la route d'Arèches étant fermée pour travaux de voirie, le programme a été modifié (mercredi pour mardi) : ainsi, aujourd'hui, départ plus tôt (8 h. 30) et à pied depuis le centre VTF (1150 m), le chauffeur se reposant réglementairement une journée.

Et la difficulté, ça va se sentir rapidement,  : montée raide, longue et assez rapide, dans la forêt pour être à l'ombre un maximum,


en direction de Plan Villard (1532 m) où une petite pause s'impose,

avant de continuer vers La Tourne (1557 m) : lieu où les habitations étaient en principe protégés des avalanches par une arête, un rocher, un monticule qui les déviait.

L'ascension se poursuit sous le soleil, vers la Roche plane, en se rapprochant de la Cote 2000 m au lieu-dit « sur la Clusanière » à 1921 m.

 

Le franchissement d'un petit ruisseau apporte un peu de fraîcheur bienvenue et nous continuons en direction du Lac du Clou.

 


Le Mont Blanc apparaît aujourd'hui très nettement, sans aucun nuage : magnifique, imposant !

Midi pile, l'heure de s'arrêter à l'ombre de « sapins » (des épicéas) pour pique-niquer près d'un ex-étang comblé par la végétation.

 

Bien agréable surprise : Stéphane, guide attentionné, nous a apporté du café et de la liqueur d'hysope maison !  

Le lac du Clou que nous atteignons comme but ultime de cette balade sur les hauteurs (1700 m environ) est lui-même en voie de comblement par invasion de trèfle d'eau et de laîches et carex.

 

La descente du retour offre de beaux points de vue sur les reliefs beaufortains et Arrèches.

 

Arrivés au hameau au-dessus de Le Planay, nous passons à côté de tarines, vaches à la robe caramel et aux yeux noirs.
 

Nous admirons aussi les travaux de la fenaison dans les champs pentus, avant de vaquer tranquillement à nos occupations de vacanciers en cette après-midi très estivale.

 

 
 
Mercredi 1 juillet :
Grand ciel bleu pour la montée vers le barrage de Roselend. (infos groupe 3)


Le car nous dépose au refuge du Plan de la Lai à 1822 m d'altitude, dans un paysage assez dépouillé.

 

 

 Des toilettes modernes et écolo sont alors les bienvenues, pour les dames notamment.

 

 

 

Les belles vaches tarines sont dans les pâturages et nous avons le plaisir d'en côtoyer près du ruisseau au départ de la marche, avant d'entamer, bien sûr, la longue montée.

Comme annoncé par Stéphane, sa compagne, la sportive Barbara, nous accompagne dans cette marche sur le Rocher du Vent. Est-ce pour cela que certains auront « des ailes » ce jour-là ?


Le groupe 2 nous suit dans l'ascension :
jusqu'à quel point ? ...


... Nous le saurons au retour dans
l'après-midi,
en comparant nos parcours.

 

Arrivés à 2165 m d'altitude au carrefour de La Lauze, le programme de la marche est inscrit sur les pancartes : le tunnel, le col de La Lauze, le Rocher du Vent, le col de la Sauce et le refuge du Plan de la Lai...
 

Le tunnel donc, le clou de cette semaine, l'originalité suprême de cette randonnée, à l'extrémité du rocher, à 2224 m. La vue vers le barrage de Roselend est déjà superbe de ce côté.   On boit, on grignote éventuellement, on sort les lampes frontales.
Et, après un passage de Jean-Luc en solo,  Stéphane nous revient pour la grande traversée de ce boyau creusé dans le rocher pour raison stratégique guerrière. Une grande fraîcheur y règne, en grand contraste avec la fournaise extérieure. Il n'est pas rectiligne, on n'en voit le bout qu'à la fin... Attention, le sol est irrégulier(trous et cailloux), la voûte aussi : on entend quelques chocs et jurons...


... et l'émerveillement de l'autre côté : la vue est splendide !

 

La via ferrata (voie très sportive aménagée avec des pitons, barres, filins,...) est visible à plusieurs endroits.

 

Mais nous nous contentons de suivre très prudemment l'étroit sentier caillouteux et raide.

 

 

Rendez-vous visuel journalier et toujours apprécié, le Mont Blanc enneigé. 

 


sur la crête nous passons entre les rochers ....
.. où la neige (et ses glissades, n'est-ce pas Jacqueline!) nous attend !

Stéphane se permet le luxe de « faire le beau » sur un rocher pentu, au-dessus du superbe panorama

Demi-tour pour retraverser ce creux et ses névés, avant de monter au sommet pour quelques-uns du groupe et de marcher un peu le long du petit sentier de crête.

 

 

 

 

 

 

 

Nous nous installons pour pique-niquer de part et d'autre du sentier, au col de la Lauze (2331 m), avec le groupe 2 en arrière-plan sur le relief que nous venons de quitter.

 

 

 

 

 

Petit amusement en voyant la pomme du guide qui dégringole rapidement en suivant la rigole, avant d'être récupérée et croquée !

On s'amuse aussi à lancer des boules en passant près de plaques de neige...

 

 

La descente s'amorce doucement vers le Col de la Sauce (2307 m), un carrefour important : Tour du Beaufortain et GR5 y passent. On aperçoit d'ailleurs un chemin creusé dans le rocher sur la montagne en face, là où marchent les randonneurs partis de Nice ou d'Ansterdam, sur le GR5 qui traverse aussi nos Vosges.

 

 

 

Au loin, sur le large chemin dans la longue descente en lacets, on aperçoit le groupe 2, qui nous précède cette fois !

 

 

 

Quelle force de vie possède cette pensée
qui pousse dans cette caillasse de schistes
micassés !

 

 

 

 

 

 

 

Les nombreuses fleurs qui poussent plus haut sur les alpages ont des conditions plus avantageuses.

 

 

 

 

 

 

Nous retrouvons les troupeaux dans le bas de ce val, s'amusant en passant du manège du taureau s'approchant du jeune femelle...

 

 

Cette balade sur le Rocher du Vent, son tunnel, ses sentiers escarpés et caillouteux et ses paysages ouverts et grandioses, sous une météo ensoleillée, restera dans nos mémoires une journée exceptionnelle !

 

 
  Jeudi 2 juillet : Toujours très chaud et beau, on ne se lasse pas de ce temps ensoleillé qui permet de bien voir la montagne.


Quelle aubaine ce car qui peut nous amener à des départs de randonnée situés déjà en altitude, ce qui permet d'aborder des paysages plus alpestres. Pierre nous conduit donc tous au Col du Joly à 1989 m d'altitude, et nous nous dirigeons vers le Col de la Fenêtre à une heure de marche par un sentier facile puis caillouteux.

 

 

 

 

 

 

 

Le Mont Blanc est plus proche, toujours plus imposant tandis que
la retenue de la Girotte semble bien vide. (travaux de maintenance)

 

 

 

 

 

 

 

 

Les rhododendrons sont encore bien fleuris dans cette première partie de la balade.

 

 

 

 

 

Manches longues, bras croisés et « train de sénateur », c'est  l'allure caractéristique bien reconnaissable de Pierre-Yves qui conduit le groupe 2 qui nous suit, après que nous l'avons dépassé près des infrastructures de télésiège de la station des Contamines.

 

 

 

La végétation se raréfie, la caillasse abonde. 

Passant par la Tête du Lac de Roselette (2105 m) puis la Grande Perrière à 2180 m,nous atteignons le Col de la Fenêtre à 2250 m au bout d'une heure et demie de marche.

 

Le panorama est superbe, mais peu propice à la flânerie.

Ce petit passage dans la montagne est en effet très fréquenté : bande de jeunes en itinérance, groupe de marcheuses autochtones âgées, venues là avant l'invasion des vacanciers (elles n'ont pas pensé aux retraités !).

Première difficulté de la journée, la descente dans la pierraille de l'autre côté de cette fenêtre. Le groupe 2 investit le col tandis que nous cheminons prudemment sur ce dénivelé négatif en lacets serrés. Passeront-ils aussi par là pour continuer leur marche ?


 

Le prochain objectif est en vue :   le Col de la Cicle bien identifiable par son arrondi entre deux rochers !

Quoi, nous allons monter là-haut ? ! Et par où, aucun sentier n'étant visible ?

Après un petit ravitaillement pour prendre des forces, nous attaquons vaillamment l'épreuve mémorable du jour : par une chaleur accablante, longue et rude ascension dans un univers presque exclusivement minéral, en passant par des névés très pentus (glissade à exclure !) et des longs lacets sur lesquels s'étire notre groupe.

Corentin, jeune, mince et entraîné arrive bien sûr largement avant le gros de la troupe et les retardataires, pied ou genou blessés pour certains, peinent dans cette dure montée.

 

 

Ouf, la borne est atteinte : 2377 m d'altitude, ...  

 

 

 

 

 

.. et c'est l'heure de se sustenter, par petits groupes répartis sur l'arête ou légèrement en contrebas pour éviter le vent. Après le casse-croûte, café et schnaps d'usage

Une belle rafale d'ailleurs entraîne prestement le chapeau de notre ami René ; Corentin redescend allégrement quelques lacets à sa recherche, mais comment repérer un bob beige-kaki dans ces pierres de même couleur ?  C'est le don du jour à la montagne, outre notre sueur et nos efforts répétés.

J'ai égaré mon chapeau,
Je l'avais sur la tête et oust,
envolé !

Il est parti en coup de vent.
Si quelqu'un le voit, l'entend
Qu'il m'adresse un coucou
Car dans son malheur
Il a perdu sa tête.
(Extrait de "où est mon chapeau" de Patrice Vadot, octobre 2008)

 

 

L'autre versant de ce Col de la Cicle à 2377 m est moins pentu que celui gravi, offre quelques petites prairies fleuries,

mais aussi un pierrier avec des gros blocs dans lequel le passage éventuel est marqué par des cairns : certains se sentent des capacités de cabri, d'autres cheminent prudemment entre les blocs.  

En n'oubliant pas de jeter un œil sur le paysage montagneux...

Puis un plateau herbeux, reposant mais monotone suivi d'une longue descente passant par le lieu-dit « Le Bolchu » (1979 m) vers le dernier lacet du col du Joly (« Les Coudrets à 1867 m),  pour éviter raisonnablement une remontée vers l'endroit du départ matinal : vive la technologie (téléphone mobile) qui permet des ajustements de parcours bienvenus, suivant la fatigue des participants sur ce trajet assez « technique » !


 

 
 

Vendredi 3 juillet
Pour cette ultime journée de randonnée annoncée avec un dénivelé de 900 m, le groupe s'est encore amenuisé : 8 courageux dont seulement 2 Randonneuses Vosgiennes, les autres ayant choisi une journée cool (village-piscine) après la dure marche de la veille.

Barbara, la jeune, belle et sportive compagne de Stéphane, nous accompagne aujourd'hui encore.

Au départ du Rafour à 8 h.30 le temps est un peu gris, quelques petites gouttes tombent même à un moment, mais rapidement chaleur puis soleil règnent sur la vallée.

Longue montée commençant du côté du hameau « Le Chornais », en serpentant par la forêt comme d'habitude, puis les prairies et alpages.

 

Arrivés à 1943 m d'altitude au carrefour du lieu-dit « Entre le Fer » ( pause boisson-grignotage)

se pose la question de la suite de la marche : soit par le Lac Tournant comme prévu mais avec redescente par le même chemin qu'emprunté lundi, soit par le Lac Brassa, plus haut, plus beau et, après une montée à La Grande Combe, redescente par le chalet des Arolles : c'est bien sûr cette voie plus sportive qui sera choisie (« Bon, d'accord mais pas trop vite, svp » dira ma petite voix à la queue du groupe).

Nous faisons le tour de ce petit lac aux bords envahis de carex, belles vues depuis son rivage à 2040 m, puis continuons vaillamment l'ascension.

Dernier pique-nique de la semaine, qui à table au soleil, qui assis à l'ombre du petit chalet servant au personnel du terminus du télésiège du Grand Mont.


A ce point culminant de notre journée, les altimètres de Barbara et de Jean-Luc affichent un dénivelé de … 1100 m !!!

On peut être content de la relative performance, mais on doit rester bien modeste en voyant les coureurs du nouveau trail d'été Pierra Manta qui eux, grimpent et redescendent plusieurs sommets en courant et sur trois jours... 


Quelle surprise à l'arrivée sur la terrasse du Chalet des Arolles, très joli et bien entretenu

 : le groupe 2 s'y prélasse, face à un paysage grandiose !


Nous y buvons un pot aussi, pour clore de façon sympathique nos découvertes alpestres de la semaine, acquises à la mesure de nos pas et par une chaude météo qui nous a permis de voir tous les jours ce majestueux massif du Mont Blanc.

 

La longue descente vers Le Planay nous permet de revoir le groupe 2 prenant le frais à l'ombre d'une grange.

 

Puis à 17 h, c'est la traditionnelle réunion de fin de séjour sur l'esplanade du centre et avec les discours d'usage, la remise des enveloppes-bonus aux guides et ...

Une singularité tout de même : une médaille est remise à Corentin, le marcheur de 13 ans qui nous a accompagnés allégrement et discrètement sur les sentiers beaufortains cette semaine...


... l'apéritif convivial.